Posted in Ses petites histoires - anecdotes du 16ème au 20ème siècle Sybirol

La tempête de 1999 : un mal pour un bien

La tempête de 1999 : un mal pour un bien Posted on 19 juillet 2019Leave a comment

Raconter les histoires de Sybirol, c’est lui rendre son âme. Certaines appartiennent à la grande histoire, d’autres à la petite. Certaines sont documentées, d’autres appartiennent à la mémoire familiale. Évidemment Sybirol, s’il a une âme, n’a pas encore de voix, il fallait donc lui en prêter une. Et c’est pour cela que vous trouverez un « je » dans certaines de ces histoires. « Je », c’est Pierre, la dernière personne qui, après au moins 600 ans d’occupation, aura l’occasion de vivre Sybirol de sa naissance à sa mort (du moins il le souhaite !). Nous espérons que ces histoires vont vous distraire, vous intéresser, vous toucher. Sybirol se nourrit de l’affection que lui portent tous les visiteurs qui le découvre.

27 décembre 1999, la tempête de déchaine. A cette époque les tempêtes n’ont pas encore de nom, comme si cela devait adoucir la violence de leurs dégâts ! Pendant 12 heures elle se déchaîne. La famille (pas moi, je ne suis pas là) se réfugie dans la maison et attends que cela passe. 20h, énorme fracas : Le cèdre multiséculaire qui couvrait la terrasse devant Sybirol s’abat sur la maison, fait tomber une partie du mur pignon, transperce la toiture de part en part. Des branches ou plutôt des troncs défoncent une fenêtre du hall, le vent s’engouffre dans la maison. D’autre passent à travers les greniers et transpercent le plafond du salon, un arbre de Noël à l’envers pourrait-on dire si on avait le cœur à en rire.


Il faut dire que ce cèdre n’est pas un cèdre comme les autres. C’est un Cèdre du Liban, repéré comme un des plus vieux de France. Le cèdre du Liban a été introduit en France en 1740 environ. On est proche de la date de construction de la maison et de sa terrasse. On peut donc supposer qu’ils sont contemporains l’un de l’autre. Cela lui ferait donc 250 ans environ. Il faut 13 personnes bras écartés pour en faire le tour et il a une vingtaine de troncs qui donne cette forme si caractéristique en chandelier du cèdre du Liban. Évidemment personne ne penserait à l’abattre : il fait l’orgueil de la famille et l’arrière-grand-père pourtant peu enclin au romantisme, l’a fait haubaner avec des câbles pour soulager le poids de certaines branches.
Et pourtant ! Ses aiguilles fines se glissent partout, notamment sur la toiture, les tuiles sans arrêt encombrées, la mousse qui se développe, les canalisations bouchées, les gouttières à répétition, une plaie incessante !
Et pourtant ! L’ombre qu’il projette en permanence rends les pièces de cette façade Ouest sombres : électricité branchée jour comme nuit, été comme hiver. Et pourtant, il masque en grande partie la vue sur Bordeaux.
Quelques années plus tard, après des mois de bûcheronnage, les soucis d’assurance et de travaux que vous pouvez imaginer (gérés par mon frère, merci à lui !), aucuns regrets : la terrasse et la maison sont beaucoup mieux sans l’arbre : c’est maintenant ouvert : ouvert à la lumière, ouvert sur la ville. La toiture nous dit tous les jours merci !


La nature a fait ce que jamais nous n’aurions osé faire et ce qui paraissait être une catastrophe, avec le recul du temps apparait comme un bienfait. Et c’est comme une métaphore de ce qui s’est passé dans tout le parc. : un parc vieillissant de 150 ans, sans doute 300 ou 400 arbres par terre dont de magnifiques sujets datant de Fischer, 10 ans de bûcheronnage (merci Antonio et Gilbert pour qui les connaît), 20 ans de plantations. Mais le parc est maintenant replanté, le bois est régénéré, la lumière y pénètre plus facilement et favorise une plus grande biodiversité. Le parc de Sybirol est reparti pour 100 ou 150 ans…jusqu’à la prochaine tempête qui, elle, aura un nom.

Et donc, même si je n’aurai pas cru pouvoir écrire cela un jour cela : « Merci la tempête de 1999 » ! Et pour te remercier, je vais te nommer : Merci Suzanne ! (Un nom que je souhaite lui donner pour des raisons qui ne regarderons jamais que moi).

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