Posted in Ses petites histoires - anecdotes du 16ème au 20ème siècle Sybirol

Jean-Baptiste Lamolère ou les pérégrinations d’un émigré sous la révolution

Jean-Baptiste Lamolère ou les pérégrinations d’un émigré sous la révolution Posted on 4 juillet 2019

Raconter les histoires de Sybirol, c’est lui rendre son âme. Certaines appartiennent à la grande histoire, d’autres à la petite. Certaines sont documentées, d’autres appartiennent à la mémoire familiale. Évidemment Sybirol, s’il a une âme, n’a pas encore de voix, il fallait donc lui en prêter une. Et c’est pour cela que vous trouverez un « je » dans certaines de ces histoires. « Je », c’est Pierre, la dernière personne qui, après au moins 600 ans d’occupation, aura l’occasion de vivre Sybirol de sa naissance à sa mort (du moins il le souhaite !). Nous espérons que ces histoires vont vous distraire, vous intéresser, vous toucher. Sybirol se nourrit de l’affection que lui portent tous les visiteurs qui le découvre.

Lorsque la révolution survient, Jean-Baptiste de Lamolère et sa famille sont propriétaires de Sybirol depuis 25 ans. Ils ont par ailleurs de gros intérêts économiques à Saint Domingue sous forme de plantations de canne à sucre. Il y est d’ailleurs né et y a vécu les premières années de son enfance.

En 1791, la famille sentant que la situation commence à devenir dangereuse pour eux à Bordeaux décide d’aller passer l’hiver 1791-1792 à Toulouse. Ils ne le savent pas encore mais c’est le début de leurs ennuis marqués par dix années de pérégrinations. C’est là qu’ils apprennent que les révoltes de Saint Domingue ont gravement mis à mal leurs plantations.

Juin 1792 : Décidé à régler ses affaires à Saint Domingue, et malgré le climat dangereux de la capitale, il se fait délivrer un passeport pour aller à Paris, s’y installe quelques semaines avec sa femme et ses jeunes enfants (ses fils en âge de combattre ont rejoint l’armée des princes), le temps de faire viser son passeport pour l’Angleterre.

Septembre 1792 : la famille se retrouve à Londres et s’installe Saint James square. Un certificat délivré le 9 novembre 1792 les autorise à embarquer pour Saint Domingue.

Le 20 janvier 1793, après une traversée à bord du « La Delawaere » de Philadelphie, la famille débarque à Saint Domingue et s’installe au Cap Français. Il ne peut que constater les dégâts : sa sucrerie et ses plantations ont été dévastées et incendiées lors de révoltes. Ils se décident à rentrer en Europe.

Début 1794 : Nous retrouvons la famille de Lamolère en Belgique. Les troupes françaises envahissent le pays, ils partent pour La Haye, puis pour Amsterdam où Jean-Baptiste se retrouve même trois jours en prison, puis s’installent là quelques années dans le milieu des émigrés.

Août 1797 : La terreur est passée, Jean-Baptiste se décide à rentrer à Paris et s’installe rue de l’Université. Encore un hiver en Suisse, mais il revient à Paris et s’attèle à un gros projet : se faire rayer des listes d’émigrants.

Février 1802 : Après de nombreuses démarches et beaucoup d’efforts, Jean-Baptiste arrive à se faire rayer des listes d’émigrés. Il peut rentrer en possession de ses biens, s’ils n’ont pas été aliénés. Trop tard pour Sybirol : dès juillet 1793, le fermier Miailhe sans nouvelles de Mr de Lamolère s’est rendu à la maison commune de Floirac pour déclarer son départ. Le 22 germinal an 2 (avril 1794), Mr de Lamolère a été inscrit sur la liste des émigrés et ses biens sont devenus propriété de la nation. Le 16 prairial de l’an 4 (juin 1796), Sybirol, ou plutôt le château de Feuillas, a été vendu. Son magnifique hôtel particulier en ville a d’ailleurs subi le même sort ! Mr de Lamolère n’a donc plus d’intérêts économiques à Bordeaux.

17 août 1808 : Jean-Baptiste de Lamolère s’éteint dans une modeste maison à Neuilly sur Marne où il s’est retiré.

Ainsi fini le lien qui a uni pendant presque 100 ans Sybirol à la famille Lamolère.
Sybirol y a trouvé un nom et une identité qui est encore très présente aujourd’hui !

Lire la première partie :

http://domainedesybirol.fr/2019/06/06/grandeurs-et-miseres-de-bernard-de-lamolere-sibirol/