Posted in Ses petites histoires - anecdotes du 16ème au 20ème siècle Sybirol

Mazarin, le duc d’Épernon : courage fuyons !

Mazarin, le duc d’Épernon : courage fuyons ! Posted on 6 juin 2019

Raconter les histoires de Sybirol, c’est lui rendre son âme. Certaines appartiennent à la grande histoire, d’autres à la petite. Certaines sont documentées, d’autres appartiennent à la mémoire familiale. Évidemment Sybirol, s’il a une âme, n’a pas encore de voix, il fallait donc lui en prêter une. Et c’est pour cela que vous trouverez un « je » dans certaines de ces histoires. « Je », c’est Pierre, la dernière personne qui, après au moins 600 ans d’occupation, aura l’occasion de vivre Sybirol de sa naissance à sa mort (du moins il le souhaite !). Nous espérons que ces histoires vont vous distraire, vous intéresser, vous toucher. Sybirol se nourrit de l’affection que lui portent tous les visiteurs qui le découvre.

Deux épisodes qui associent Sybirol à la grande histoire de France ; Mazarin et le Duc d’Épernon n’en sortent pas grandi, mais Sybirol ou plutôt Feuillas, si !

Nous sommes en 1649-1650, c’est la Fronde, et Bordeaux, qui a accueilli la frondeuse Princesse de Condé, est une des dernières villes rebelles que le pouvoir de Mazarin et du Sénéchal de Guyenne, le Duc d’Épernon, essayent de reconquérir. Dom Vivienne raconte :

Extraits de « l’Histoire de Bordeaux » de Dom Vivienne, publié en 1771 :
« La Bastide est un endroit peu considérable vis-à-vis de Bordeaux, dont il est séparé par la Garonne et où il y a une cale et un petit port. On y voit à droite et gauche une plaine marécageuse qui est terminée par un côteau qui était couvert de cyprès et que l’on appelle encore aujourd’hui le Cypressat (il s’agit bien de Sybirol-Feuillas comme nous le verrons plus tard). Le passage de Bordeaux à la Bastide est extrêmement fréquenté, de sorte que le Duc d’Épernon, en s’en emparant, aurait fort incommodé la ville qui était déjà bloquée par une armée navale. »

Le 29 décembre 1749, à la Bastide, une bataille s’engage entre les troupes du Duc d’Épernon et les Bordelais frondeurs, elle tourne à l’avantage des Bordelais.

Dom Vivienne précise :
« Pendant ce temps, le Duc d’Épernon était sur la montagne du Cypressat à cheval, spectateur du combat. »

Au soir de cette journée, la bataille est perdue pour les troupes du Duc d’Épernon, qui a l’occasion de prouver tout son courage… à Sybirol.

Dom Vivienne poursuit :
« Toutes ces considérations engagèrent le conseil de guerre à faire revenir toutes les troupes qui étaient à la Bastide et à abandonner ce poste. Au moment où l’on envoya cet ordre, on aperçut des feux sur le Cypressat ; le Duc avait assemblé le conseil de guerre et proposé de recommencer le lendemain le combat. Un des officiers lui avait répondu, au nom des autres, qu’ils étaient disposés à prendre ce parti, pourvu qu’il voulût se mettre à leur tête. Il n’en fallut pas davantage pour déterminer la retraite. »

Le duc d’Épernon :  Courage, fuyons !
Mais Mazarin ne fit pas beaucoup mieux plus tard, en Août 1750 !

Dom Vivienne un peu plus loin :
« Après la prise de Vayres, le Maréchal de Meilleraye avait conduit ses troupes à Créon où il les fit camper. Le Cardinal Mazarin, ayant eu la curiosité de voir Bordeaux, s’avança avec une nombreuse escorte jusqu’à Feuillas, maison de campagne sur les hauteurs du Cypressat (il s’agit donc bien de Sybirol !), qui est de tous les environs de Bordeaux l’endroit où cette ville parait davantage. Il resta quelques temps à admirer une perspective qui forme un des plus beaux coups d’œil d’Europe. Dès que l’on s’aperçut que les ennemis étaient si près de Bordeaux, toute la ville se rendit sur la rivière et la fit passer à corps considérable, pour les reconnaître et leur donner la chasse ; mais le Cardinal ne l’attendit pas et se retira avec précipitation à Créon. »

Pas très glorieux pour le Cardinal, mais quel beau compliment pour Sybirol et son point de vue !