Posted in Ses petites histoires - anecdotes du 16ème au 20ème siècle Sybirol

Grandeurs et misères de Bernard de Lamolère-Sibirol

Grandeurs et misères de Bernard de Lamolère-Sibirol Posted on 6 juin 2019

Raconter les histoires de Sybirol, c’est lui rendre son âme. Certaines appartiennent à la grande histoire, d’autres à la petite. Certaines sont documentées, d’autres appartiennent à la mémoire familiale. Évidemment Sybirol, s’il a une âme, n’a pas encore de voix, il fallait donc lui en prêter une. Et c’est pour cela que vous trouverez un « je » dans certaines de ces histoires. « Je », c’est Pierre, la dernière personne qui, après au moins 600 ans d’occupation, aura l’occasion de vivre Sybirol de sa naissance à sa mort (du moins il le souhaite !). Nous espérons que ces histoires vont vous distraire, vous intéresser, vous toucher. Sybirol se nourrit de l’affection que lui portent tous les visiteurs qui le découvre.

C’est bien à Bernard de Lamolère-Sibirol que Sybirol doit son nom et son visage actuel (en tous les cas en ce qui concerne le bâti).

Intéressons-nous à la vie de ce personnage qui a connu des périodes glorieuses et d’autre moins !

Il est né en 1678 dans le Quercy, à Lauzerte, sur une terre héritée de son père nommé Sibirol. La première partie ne sera qu’une ascension vers le succès et la fortune. Début de carrière à la monnaie de Bourges puis de Bordeaux, chapeauté par son oncle qui en est directeur.

1710 : Il reprend la charge de directeur de la monnaie de Bordeaux transmise par cet oncle. C’est le début d’une période d’ascension sociale. Ajoutez-y un beau mariage, et le voilà en 1722 capable d’acheter le domaine de Feuillas, d’y construire sa demeure et de marquer fièrement ses initiales au fronton du portail. Elles y sont toujours. Et c’est ainsi que Feuillas devient Sybirol.

La bonne fortune continue : juin 1733, il est reçu « Bourgeois de la ville de Bordeaux », titre des plus recherchés ! Il y est inscrit avec les qualifications de Messire et Ecuyer. Dans la foulée, il rachète la concession d’un droit de banc à l’église de Floirac à la place des anciens seigneurs de Feuillas.

Vers les années 1750, le vent tourne, il est maintenant âgé, 70 ans ! Ses fils sont aux Amériques, ses filles mariés ou au couvent, il est seul. Il délaisse Sybirol, s’installe à temps plein en ville et afferme « la maison noble de Feuillas » mal entretenue. Il vend même à un marchand tapissier « les meubles, ustensiles et effets qui garnissent le château de Feuillas ». L’inventaire fait apparaître un mobilier simple et usuel, rien de luxueux !  Il ne faut cependant pas oublier que ces maisons restaient des maisons de villégiature, souvent peu meublées. Le meubles « volants » suivaient la famille entre ville et campagne.

Et puis surtout les comptes qu’il avait rendus au titre « Directeur particulier et Trésorier de la Monnaie de Bordeaux » se trouvent « en déficit », en clair, pas très clairs justement ! Pas besoin de vous faire un dessin. Mr Langlois, Intendant des Finances fera trainer l’affaire jusqu’à la mort de Mr de Lamolère-Sibirol en 1757 à presque 80 ans, mais exigera le remboursement auprès de ses héritiers. Ceux-ci seront donc amenés à vendre Sybirol en 1765 au cousin d’Amérique : Jean-Baptiste de Lamolère.

Jean-Baptiste Lamolère est riche, il est né à Saint Domingue en 1734, au milieu des plantations sucrières de sa famille. Sa mère l’a envoyé à Paris à l’âge de 9 ans pour qu’il soit éduqué. Tellement éduqué qu’il devient mousquetaire, mène grand train et fait des dettes. Sa mère débarque en urgence de Saint Domingue en 1559 pour mettre bon ordre à cela, le fait démissionner des mousquetaires, lui achète une charge de conseiller au parlement de Bordeaux et le marie. Une femme de caractère de toute évidence ! Ne reste plus qu’à l’installer dans ses terres : ce sera Sybirol.

Jean-Baptiste est arrivé à Sybirol. Pour savoir comment il en est parti, allez du côté de la révolution : Nous en avons fait une autre histoire.