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Sybirol m’était conté…

Sybirol m’était conté… Posted on 6 juin 2019

« Sybirol m’était conté », cela a failli être le nom de notre association ! Il faut dire que des histoires, grandes ou petites, Sybirol pourrait vous en raconter, si ses murs et ses arbres pouvaient parler…

  • Il était une fois Sybirol avant Sybirol

L’histoire du site commence bien avant Sybirol :  La vigne était présente sur les coteaux de Floirac dès le haut-moyen âge, voire l’antiquité.  Le château de Feuillas, s’implante sur le site au moyen âge et devient pendant au moins 3 siècles, du 15ème au 17ème, la maison noble de la famille de Verteuil. Il faut dire que le site, dominant tout le port de la lune, est stratégique.

En mai 1645, un voyageur hollandais dessine les coteaux de la rive droite ; au loin on y devine les murailles et tours d’un puissant château fort. Ce château disparait sans laisser de traces. Quand ? Pourquoi ?  L’histoire oublie de nous le dire. Seuls témoignages de sa présence, le mur du chemin (très raide) de tirecul (devinez l’origine du nom !), le long de la propriété, garde l’empreinte de deux tours.

  • Et le château de Feuillas devient la chartreuse de Sybirol

En 1722, le domaine est acheté par Bernard de Lamolère-Sibirol, avocat au parlement de Bordeaux et directeur de la Monnaie de Bordeaux. Comme tout bourgeois bordelais qui se respecte, il a besoin d’une maison de campagne, Feuillas devient donc Sibirol. Il fait rapidement édifier une 1ère chartreuse sans doute modifiée par son cousin, Jean-Baptiste dans la seconde moitié du 18ème. Et c’est dans cet état qu’elle est parvenue jusqu’à nous.

  • Un lieu de villégiature tout au long du 18ème

Comme toutes les chartreuses édifiées autour de Bordeaux, Sybirol est à la fois une propriété agricole et un lieu de villégiature. La famille de Lamolère possède évidemment son hôtel particulier en ville. Jean-Baptiste de Lamolère fait construire le sien à l’angle de la rue Esprit des lois et de la place Richelieu (actuelle place Jean Jaurès) par le célèbre architecte Victor Louis.

Les productions agricoles permettent d’alimenter la maisonnée en produits frais. La cour d’honneur qui encadre la chartreuse sert de ferme agricole, on y trouve chai, fruitier, grange, grenier à grain, étable, écurie, poulailler, bûcher, forge… tout cela encore en place !

La chartreuse, toute en transparence, est posée comme un balcon sur la ville en haut du coteau, elle accueille la famille qui y fait des séjours de villégiature à la belle saison et surtout à l’automne, au moment des vendanges. Pourtant le vin produit n’aura jamais une grande réputation !

La révolution mettra fin à cette histoire : Jean-Baptiste émigre à Saint Domingue. Ses biens sont saisis et il ne pourra jamais récupérer Sybirol.

  • Le 19ème : le siècle des armateurs et des jardiniers

Sybirol passe l’essentiel du 19ème aux mains de deux familles d’armateurs : les Carrié de 1818 à 1859 et les Cahuzac de 1859 à 1913. Cette maison de villégiature occasionnelle devient une résidence principale pour toute la famille. Surtout, le jardin, la botanique et l’acclimatation de plantes exotiques deviennent de véritables passions. Les Carrié accueillent régulièrement la Société Linéenne dans le parc.

Mais c’est surtout Raymond Cahuzac qui va profondément marquer le parc de Sybirol. Il fait appel au célèbre paysagiste Fischer pour redessiner et replanter le parc, crée une nouvelle entrée, introduit de nouvelles espèces végétales, agrémente le parc de « fabriques » ou « folies ». Son neveu, Martin, passionné d’orchidées, fait construire des serres et se présente à de nombreux concours horticoles. Miracle ou chance, malgré le temps et les tempêtes, ce parc nous est parvenu (presque) intact.

  • Le 20ème : La maison d’un maçon

En 1913, Jules Pinçon, entrepreneur à succès dans le bâtiment et les travaux publics achète Sybirol. Aucun intérêt pour l’architecture ou le patrimoine ! Non, sa passion, c’est la chasse et Sybirol est un couloir de passage rêvé pour les palombes. Il ajoute au parc d’ailleurs de belles palombières en métal comme d’ultimes « folies ».

Et Sybirol passe le 20ème siècle au sein de la même famille, cahin-caha, au gré des événements historiques (l’occupation allemande de la maison pendant la 2ème guerre mondiale), des événements familiaux (décès, successions, partages), et des événements climatiques (la tempête de 1999 a laissé des traces !)

Longue histoire ! Mais aujourd’hui, Sybirol est bien là, vivant, un peu amoindri (24 ha sur les 35 ha initiaux), cerné par la ville mais néanmoins riche de patrimoine, d’histoire(s), de nature, en pleine mutation, prêt à écrire une autre page de son aventure … mais ça, c’est une autre histoire !