Posted in Ses petites histoires - anecdotes du 16ème au 20ème siècle Sybirol

Martin Cahuzac, la passion des orchidées

Martin Cahuzac, la passion des orchidées Posted on 6 juin 2019

Raconter les histoires de Sybirol, c’est lui rendre son âme. Certaines appartiennent à la grande histoire, d’autres à la petite. Certaines sont documentées, d’autres appartiennent à la mémoire familiale. Évidemment Sybirol, s’il a une âme, n’a pas encore de voix, il fallait donc lui en prêter une. Et c’est pour cela que vous trouverez un « je » dans certaines de ces histoires. « Je », c’est Pierre, la dernière personne qui, après au moins 600 ans d’occupation, aura l’occasion de vivre Sybirol de sa naissance à sa mort (du moins il le souhaite !). Nous espérons que ces histoires vont vous distraire, vous intéresser, vous toucher. Sybirol se nourrit de l’affection que lui portent tous les visiteurs qui le découvre.

Toujours la passion des plantes mais cette fois-ci avec le neveu Martin Cahuzac : Il prend la suite de Raymond Cahuzac en 1887. Il se passionnera pour l’agriculture et surtout l’horticulture jusqu’à sa mort en 1910.

D’abord le vignoble : jusqu’à 20 ha de vignes sont rattachés à Sybirol. « Bordeaux et ses vins » édité 1893 en parle ainsi :

« Mr Martin Cahuzac a, dans l’espace de 6 ans, reconstitué tout le vignoble par des cépages de choix greffés sur américains, et obtient, par la bonne exposition des vignobles, par les soins constants apportés à la vinification, un vin de premier choix, d’une finesse remarquable, une belle couleur et un bouquet particulier que l’on ne peut trouver ailleurs. »

Ensuite les fleurs, fruits, légumes : Martin Cahuzac cumule les honneurs et reconnaissances grâce à sa passion pour l’horticulture : chevalier du mérite agricole en 1895, président de la Société Horticole et Viticole de Gironde en 1903, membres de jury internationaux et gagnant de nombreux prix à Bordeaux, Paris, Gand, Bruxelles, Anvers… Nous vous épargnerons le compte rendu complet de la visite de la commission de la société horticole du 9 septembre 1892 qui s’extasie sur 3 pages devant les productions de Mr Martin Cahuzac ! Quelques extraits :


« Nous ont parus dignes d’être remarqués la collection des Balisiers de Crozy, espèces vigoureuses et naines, les Reines-Marguerites aux formes et teintes si variées, un massif du vulgaire Lin rouge qui a pris des proportions inusités » …
« Voici des poirées de Lyon dont les larges côtes blanches font plaisir à voir. Il est vraiment dommage que le marché de Bordeaux refuse cette espèce, mais l’habitude et la routine sont aussi intraitables que la mode»…
« La collection de tomates est vraiment remarquable par les variétés et les différences de forme de fruits, la tomate à tige raide, le tomate Trophy, la tomate Mikado etc… le mode de plantation mérite d’être signalé : on réunit par le sommet à un seul tuteur, deux rangs de Tomates espacées de 30 centimètres ; par ce système , l’air, la lumière et surtout la courbure de la branche, arrête la coulure de la première fleur et favorise la maturité de fruits »

Et la litanie de compliments et remarques techniques continue : aubergines, pois, carottes navets, haricots, scorsonère, salsifis, melons, chicorées, fraisiers, bref, tout y passe !

Sachez quand même qu’il sera aussi obtenteur : il existe une pivoine « Martin Cahuzac » : « rouge grenat très brillant ombré marron noir à reflets métalliques, coloris éclatant, le plus foncé de ceux connus » obtenue en 1899. Il existe également une rose « Mme Cahuzac ». Bref, une passion !

Enfin et surtout : sa passion absolue : les Orchidées. Pour elles, il fait édifier des serres importantes dont celle d’exposition de plus de 200 m2, 8 m de haut, équipée d’une grotte-cascade au fond pour présenter ses orchidées. Il échange des correspondances à travers le monde entier pour se procurer les espèces les plus rares et finit par obtenir sa propre orchidée en 1993 :
 « Cypripeduim x Sibyrolense » (notez la place du « Y » : il se ballade encore !).

Sybirol à sa plante et pas n’importe laquelle : une orchidée ! Il paraît que cette folie a malmené sa fortune. Quand on pense que maintenant on peut se procurer une orchidée pour 10 € dans n’importe quelle jardinerie ! Martin serait sans doute bien désenchanté !