Raconter les histoires de Sybirol, c’est lui rendre son âme. Certaines appartiennent à la grande histoire, d’autres à la petite. Certaines sont documentées, d’autres appartiennent à la mémoire familiale. Nous espérons qu’elles vont vous distraire, vous intéresser, et, à l’occasion, vous toucher. Sybirol se nourrit de l’affection que lui portent tous les visiteurs qui le découvre. Et Sybirol cherche de nouveaux amis.
Propriétaires de Sybirol pendant 50 ans, l’oncle, Raymond, de 1859 à 1887, puis le neveu, Martin, jusqu’en 1910 vont profondément marquer de leur empreinte le parc de Sybirol. La mode, la passion de l’époque, c’est bien le jardin, les plantes exotiques, les concours horticoles et nos deux propriétaires vont se lancer à corps-perdu et à bourse déliée dans cette passion, au point, d’après les « qu’en dira-t-on », de finir au bord de la faillite.
Commençons par l’oncle : Raymond privilégiera le parc : Il fait appel à Louis-Bernard Fischer, le paysagiste très à la mode sur Bordeaux à cette époque. On lui doit le tracé du jardin public à Bordeaux, mais il intervient aussi dans de nombreuses propriétés des environs comme Tauzia ou Canon.
A notre connaissance, aucun plan original de Fischer ne subsiste, que ce soit sur Sybirol ou ailleurs. Il faut donc lire ses intentions directement sur le site. Il s’appuie sur le tracé classique de l’ancien parc encore lisible mais le transforme pour en faire un jardin pittoresque. Il crée le tracé des allées sinueuses dans le bois, ponctue le parcours de fabriques ou folies, intégrant certains éléments antérieurs, en créant d’autres. Il introduit une palette végétale classique pour ces parcs de l’époque faite de cèdres, séquoias, magnolias, gleditsias, marronniers, hêtres pourpres, chênes pyramidaux, liquidambar, ormes, pins sylvestre et pinaster… qu’il commande auprès de la pépinière Escarpit, où il s’est formé. Quand ? sans doute entre 1860, date d’installation de Raymond Cahuzac et 1873, date de la mort de Louis-Bernard Fischer.
C’est le moment de se demander : Qu’est-ce qu’une folie,
une fabrique ?
Une folie ou fabrique est un élément architectural intégré dans un parc
paysager.
Sa fonction : ponctuer le parcours du promeneur, l’attirer par un signe que
l’on devine au lointain ou marquer un point de vue privilégié par le
paysagiste. La mode des folies apparait dès le 18ème, d’abord en
Angleterre et se répand dans toute l’Europe avec la mode des jardins
pittoresques pendant tout le 19ème. Il n’est donc pas étonnant d’en
trouver à Sybirol. Elles peuvent aussi avoir une fonction, notamment dans la
gestion de l’eau.
Les fabriques de Sybirol :
- Le Château d’eau Belvédère en rocaillage, surnommé « la maison des oiseaux » : C’est clairement la fabrique du 19ème la plus importante (installée par Fischer ? il y a des doutes !). Il permet aussi d’alimenter toute la propriété en eau courante pompée dans la Gravette, au Nord.
- L’Ermitage : Même si l’existence d’un vrai ermitage avant la révolution est discutée, il a été retravaillé par Fischer pour en faire une fabrique.
- Le Rafraichissoir, surnommé « le fer à cheval » en raison de sa forme, construit dès le 18ème a été intégré dans le parcours du parc de Fischer. Il a été alors orné d’un faux petit rocher avec jet d’eau. Le 20ème lui a rendu sa simplicité 18ème.
- La Fontaine de Monrepos du 18ème et le Mur-Rocaille de la Serre du 19ème ne sont pas des fabriques originales. Elles avaient une autre fonction. Les avatars de l’histoire en ont fait des témoins isolés du passé remis en scène au 20ème, comme de nouvelles fabriques.
- Ajoutez à cela des éléments plus secondaires : le carrefour des 4 sièges au centre de la composition du parc, le Belvédère-Gazebo et le Belvédère-bas, tous 2 à Monrepos, tous 2 en cours de restauration, 1 ou 2 autres aujourd’hui disparues et vous avez le compte des fabriques de Sybirol.
Envie de plus de détails : chacune des fabriques vous
est racontée en détail dans une autre histoire.